Zoom sur les habitudes de consommation des français : consommateurs ou consom’acteurs ?

Avec la publication des derniers rapports du GIEC, l’urgence de la question climatique et de changement de nos modes de vie ne peut plus être ignorée. Changer de mode de vie revient à changer les dynamiques complexes établies entre les politiques, les industriels et les consommateurs depuis le début de l’ère industrielle. Un nouveau modèle basé sur une consommation consciente se dessine. Si des pratiques comme la consigne sont ancrées dans nos pays voisins, qu’en est-il des habitudes de consommation des français ? Le français moyen est-il un consommateur responsable ? Dans quelle mesure le réemploi et la consigne sont-ils inscrits dans l’émergence de ce nouveau modèle?

Qu’est-ce qu’un consommateur responsable ?

Le portefeuille, un moyen de vote à part entière

La consommation responsable est le fait de consommer consciemment en respectant la planète et les hommes. Un consommateur responsable prend alors en compte 3 dimensions :

• impact écologique
• impact social
• impact économique

Ainsi au-delà de préserver les ressources et l’environnement, un consommateur responsable réfléchit à tout le maillage auquel appartient son achat. Engager une responsabilité dans l’acte de consommation confère un pouvoir décisionnaire au consommateur qui devient consom’acteur : le portefeuille est un moyen de vote très puissant. Ce dernier permet d’envoyer un message aux marques à bilan carbone questionnable et de sortir de l’inaction climatique.

Le rôle du consom’acteur dans l’inaction climatique

L’inaction climatique peut s’illustrer à travers le triangle de l’inaction présenté, entre autre, dans la Fresque du Climat. Les 3 entités principales de notre société, à savoir, les entreprises, les politiques et les consommateurs sont liées par des mises en cause et des responsabilités sur la situation actuelle décrite par le GIEC :

• Les consommateurs reprochent aux entreprises de ne pas proposer une offre adaptée à l’urgence climatique tout en faisant du lobbying et aux politiques de ne pas réglementer davantage les pratiques industrielles voire de volontairement maintenir un statu quo.

• Les entreprises mettent en cause les consommateurs qui génèrent la demande et les politiques dont la législation manquante ne leur permet pas d’être concurrentiel en changeant leurs habitudes de production avant les autres.

• Les politiques estiment avoir été élus par les consommateurs et que ce sont les entreprises qui ont accès aux ressources et aux technologies donc aux leviers d’action.

Ce triangle où chacun se pointe du doigt engendre une inaction de tous les partis. En revanche, le consom’acteur sort de cette dynamique en prenant une responsabilité dans sa consommation et en choisissant de remettre en cause le modèle.
La seule responsabilité des individus ne suffit pas à changer ce dernier. Pour autant une nouvelle dynamique est possible dès lors qu’un consommateur responsable influence les décisions d’une entreprise. De même quand la législation comme la loi AGEC pousse les entreprises et les consommateurs à changer leurs pratiques. C’est par exemple le cas avec le développement du vrac et la question des emballages alimentaires réemployables.

Une remise en cause du modèle existant ?

Les attentes des français en termes de consommation

Le français moyen se positionne plus que jamais comme un acteur de la lutte contre le dérèglement climatique et comme un consommateur responsable. En effet, d’après le baromètre 2022 de la consommation responsable effectué par Greenflex et l’ADEME 76% des français se mobilisent en faveur d’une consommation plus responsable. Parmi eux, 63% répondent avoir déjà commencé à changer des habitudes de consommation du quotidien pour réduire leur impact écologique.

Pour 60% des personnes interrogées, une consommation responsable est indissociable d’une sobriété qui s’oppose au modèle actuel de croissance infinie. Ainsi, 68% du panel estiment que les produits proposés par les marques ne sont pas suffisamment alignés pour aider à tendre vers une consommation éco-responsable. Encore plus loin, dans une ère où le greenwashing explose, 84% des français exigent des preuves des engagements des marques avant de consommer.

Pourquoi devenir un consommateur responsable ?

Enfin, les raisons qui poussent à devenir des consom’acteurs sont très diversifiées :

• 67% privilégient l’origine d’un produit.
• 71% s’inquiètent des ingrédients pour leur santé, celle de leurs proches et pour le bien-être animal.
• 54% consomment dans une démarche sociale, éthique et de juste rémunération des producteurs.

C’est pourquoi les habitudes de consommation des français évoluent en faveur du réemploi plutôt que de l’usage unique notamment pour les emballages alimentaires. Nous apportons quelques données chiffrées dans la suite de cet article.

Les français consommateurs responsables ?

La responsabilité des emballages

D’après une étude portée par l’INSEE en 2020 un tiers de la population fait attention occasionnellement à la quantité de déchets générée par certains produits et un autre tiers y fait très souvent attention. Ceci se traduit par une montée en puissance du zéro déchet depuis 2015 mais aussi par une volonté de consommer mieux. Ainsi, d’après une seconde étude du Réseau Vrac, 4 foyers sur 10 achetaient leurs produits en vrac en 2020. Avec la promulgation de la loi AGEC et de la loi Climat et Résilience sur le développement des surfaces de vrac sans emballage primaire, ce chiffre devrait continuer à augmenter. En effet, le marché du vrac pèse environ 13 fois plus aujourd’hui qu’il y a 10 ans.

Quid du retour de la consigne dans les ménages ?

En ce qui concerne la consigne, bien que plus de 80% des français se disent favorables à son retour pour réemploi, dans la pratique des freins se présentent. L’action de retour de l’emballage n’est pas encore rentrée dans les habitudes et le manque de points de collecte faciles d’accès comme c’est le cas dans tous les supermarchés outre-Rhin y est pour beaucoup. Un étiquetage ou un signe distinctif des emballages pourrait aider, sujet sur lequel travaillent les acteurs de la filière du réemploi.

Ensuite, la diversité des emballages proposés et donc des collectes ne simplifient pas assez la consommation des français. Une étude de standardisation des contenants réemployables est en cours par exemple par CITEO afin d’atteindre les objectifs légaux de réemploi.

Enfin, la question du gain écologique et économique de la consigne face à l’usage unique se pose encore pour beaucoup de consommateurs. À cette question, notre article comparatif détaillé apporte de nombreuses réponses.

Un modèle de consommation en pleine transformation

De manière générale, il reste encore une grande marge d’évolution aux français pour devenir des consommateurs responsables. La remise en cause du modèle de consommation de masse s’est faite une place dans tous les esprits sans pour autant se traduire directement par des changements d’habitude. Néanmoins, les attentes des consommateurs se portent sur l’accompagnement des politiques et des entreprises pour disposer d’une offre variée et facile d’accès pour une consommation responsable.

Grâce à l’évolution de la législation en cours en matière d’emballage, de nombreuses marques ont choisi de sauter le pas du réemploi. Chez Bocoloco, nous accompagnons ces marques dans leur transition vers un système de consigne simplifié et adapté autant à leurs besoins que ceux de leurs clients. Pour aider les metteurs en marché, l’organisme CITEO associé à l’Adelphe, présente un budget de 50 millions d’euros en 2023. Un appel à projet a été lancé depuis le 28 mars 2023 afin de pouvoir bénéficier de subventions. Pour tout savoir sur les subventions CITEO pour le réemploi, consultez notre article dédié ici.